Je me suis tout d’abord consacré professionnellement et durant une longue période au film et à la télévision. Je travaillais avec des directeurs de la photographie
particulièrement talentueux. Mais du fait de leur réelle maitrise, ils m’incitaient à leur laisser une grande latitude dans le choix des images. Alors j’ai décidé en 2010 de répondre à mon désir
persistant de me réapproprier l’outil photo, de tenir l’appareil de prise de vue, de choisir moi-même mon cadre, mon angle de prise de vue, la lumière que j’aime, ma composition, en bref cet art
photographique qui faisait partie de ma vie professionnelle mais que j’avais mis au second plan du point de vue créatif. Je n’ai pas abandonné ma passion pour le film mais je suis redevenu
photographe, enfin. Et je n’étais plus le photographe de mes vingt ans, j’avais considérablement appris auprès de mes amis, ces merveilleux spécialistes de l’image, et adopté une vision beaucoup
plus exigeante de la photographie et de mon rapport à l’image en général.
Si j’ai fait ce choix de me consacrer d’abord à l’architecture en tant que photographe, c’est pour plusieurs raisons : L’architecture est une passion d’enfance et d’adolescence, j’ai failli y consacrer ma vie. À ce moment de mon évolution je traçais des lignes, choisissais ma perspective, concevais des bâtiments qui se voulaient autonomes en énergie, esthétiques, bien insérés dans le paysage et agréables à vivre. Ma forte appétence pour l’image m’a ensuite amené ailleurs.
L’autre raison principale est qu’une des émissions pour lesquelles j’ai le plus travaillé en télévision est « Du Côté de Chez Vous » pour TF1, dont le sujet était le portrait d’une personne ou d’une famille autant que celui du bâtiment qui les abritait. D’abord en tant que repéreur, j’évaluais la faisabilité et l’intérêt pour un tournage de ces bâtiments généralement originaux, du paysage dans lequel ils s’inséraient, et du portrait de leurs habitants. J’en prenais ensuite les photographies pour un compte rendu objectif à la production de l’émission, quand la perspective d’un tournage me paraissait envisageable. Il s’agissait de portrait donc, mais beaucoup aussi de ligne, de composition, de lumière, de couleurs, de l’intérêt du paysage comme de celui de l’intérieur du bâtiment. Ensuite je suis devenu réalisateur de la même émission, et il s’est agi de raconter des histoires à travers l’image, de rendre signifiants dans le mouvement le cadre, la composition de l’image, le choix de l’objectif et la profondeur de champ, le choix de la lumière et des angles de prise de vue. La liste est longue des options qui me permettaient de donner du sens à ces images animées. Ces échanges passionnés que j’ai eu avec mes amis directeurs photo dans la concentration et l’urgence du tournage m’ont beaucoup appris dans cette science du choix qu’est la photographie.
C’était donc déjà le bâtiment le sujet principal, et j’ai assimilé dans l’action les paramètres techniques qui me permettraient ensuite de laisser libre cours à la forme d’art photographique de l’architecture que j’esquissais.
Je me suis ensuite mis au travail, me suis enfin emparé de l’appareil, puis entrainé sur les bâtiments qui m’entouraient, à Paris et en milieu urbain tout d’abord. En extérieur, attiré par les façades, les fenêtres, les éléments d’architecture et leurs rythmes dans mes photos, puis en intérieur. Il s’est avéré que ma culture de l’architecture alliée à un sens du cadre exercé et de bonnes connaissances techniques ont très vite porté leurs fruits. Parmi mes premières images, déjà quelques pépites. Et si la photographie est un art du choix technique, c’est aussi un art du tri. Lors de la prise de vue, en cherchant son cadre on élimine ce qu’on ne souhaite pas mettre en image, quelque-soit le format. Lors du choix des images après prises de vues on élimine les moins bonnes pour ne conserver que celles qui suscitent l’effet recherché. Mes premières photographies d’architecture professionnelles ont donc validé mon objectif, il restait à valider la perspective d’en faire mon activité principale. Pour cela j’ai consulté mes clients potentiels, écouté leurs souhaits, recueilli leurs conseils. J'ai dû évaluer les prix de mes reportages en fonction de leurs besoins, du nombre de photographies à livrer par reportage, de mon investissement, de l’énergie et du temps que je leur consacrerai. J’ai constitué la liste des acteurs du Bâtiment à qui mon travail pourrait être utile, puis je me suis lancé dans leur démarchage. Et je suis devenu photographe d’architecture.
La photographie d'architecture a connu une évolution significative ces dernières décennies, passant de la méthode argentique à la technologie numérique actuelle. Auparavant, les photographes d'architecture utilisaient des appareils photo argentiques, des objectifs à décentrement et des trépieds lourds pour capturer des images de bâtiments et d'espaces intérieurs. Ces équipements étaient nécessaires pour obtenir des images de haute qualité, mais ils étaient également encombrants et difficiles à transporter. Cette méthode nécessitait une grande précision et une compréhension approfondie de la technique pour obtenir des photographies de qualité. Et cela d’autant plus que le résultat n’était pas visible à la prise de vue, l’erreur était interdite. Le prix de la pellicule était aussi un paramètre important.
Aujourd'hui, la photographie d'architecture numérique a révolutionné la manière dont les professionnels de l'image travaillent dans le domaine de l'architecture et de la décoration, en France et dans le monde entier. À la prise de vues : Les appareils photo numériques professionnels permettent de vérifier l’avancée du travail au fur et à mesure du reportage. La sensibilité de plus en plus grande de leurs capteurs permet souvent au professionnel de se passer d’éclairage additionnel ou de trépied. Le photographe travaille dans une configuration beaucoup plus légère, flexible, ce qui peut l’autoriser à proposer un plus grand choix de photographies et d’axes à son client.
Lors du traitement des photographies : Les nouveaux moyens logiciels de traitement et de retouche d'image ont permis aux photographes d'architecture de créer des images de haute qualité avec une grande palette d’outils. Il est beaucoup plus facile aujourd’hui de travailler ses images a posteriori. Outre la retouche, le photographe peut jouer sur le contraste, la colorimétrie, la lumière. Il en définit le cadre bien sûr, et il peut redresser les lignes et perspectives. Il élimine les imperfections, renforce la netteté. Et je n’aborde pas encore dans cet article l’Intelligence Artificielle qui va simplifier considérablement ces étapes, et propose déjà d’incroyables fonctionnalités.
La vision de l'architecte est un élément clé de la photographie d'architecture. Les photographes professionnels doivent comprendre les intentions de l'architecte et les traduire en images qui mettent en valeur les formes, les façades et les espaces du bâtiment. Les logiciels de traitement d'image permettent aux photographes mettre en valeur les détails architecturaux, les couleurs et les textures, créant ainsi des images qui reflètent fidèlement la vision de l'architecte. Ils lui autorisent aussi par la diversité de leurs fonctionnalités une plus grande liberté artistique.
Les logiciels de traitement d'image ont aussi permis aux photographes d'architecture de proposer des services d’autres types à leurs clients. Les photographes peuvent désormais offrir des images en ultra haute résolution, des visites virtuelles et des vues à 360 degrés, ce qui permet aux clients de visualiser les espaces et les bâtiments de manière plus immersive.
Ils peuvent aussi sur certains projets laisser libre court à leur imagination.
En conclusion, la photographie d'architecture numérique a révolutionné la manière dont les photographes professionnels travaillent dans le domaine de l'architecture et de la décoration. Les nouveaux moyens logiciels de traitement et de retouche d'image ont permis aux photographes de créer des images de haute qualité avec une grande précision et une grande flexibilité. Les conditions de travail moins contraignantes leur permettent une plus grande réactivité.
Les photographes d'architecture proposent des services de qualité à leurs clients avec une plus grande souplesse, ce qui leur permet de mettre en valeur les projets architecturaux et les espaces intérieurs de manière plus immersive, et souvent de plus exhaustive.